Conférence-débat « Le retour des communs » avec Benjamin Coriat

L’Association pour une Economie Sociale et Solidaire (AESS-APIESS) en partenariat avec l’APES et Espace Marx vous propose d’assister à une conférence :

 
Benjamin CORIAT
Le retour des communs, la crise de l’idéologie propriétaire
le jeudi 14 janvier 2016, à 18h00 à l’Espace Marx de Lille
 

Description:
Six mois après la parution de l’ouvrage dont il a dirigé la publication, et alors que la notion des « communs » continue d’être au cœur des débats des mouvements alternatifs, l’Association pour l’Economie Sociale et Solidaire (AESS-APIESS – Lille 1) en partenariat avec l’APES et Espace Marx invite Benjamin Coriat à débattre du lien entre les communs et l’Economie Sociale et Solidaire.
Simon Sarazin, membre de l’ANIS sera également présent afin de discuter des formes que prennent les communs dans la pratique à travers son expérience dans le Collectif Catalyst, Unisson et à la Couroutine.
Invité:
¤ Benjamin CORIAT, économiste et professeur à l’Université de Paris 13 et membre du Comité d’animationdes Économistes Atterrés. Il a dirigé la publication de l’ouvrage Le Retour des Communs, la crise de l’idéologie propriétaire(Les Liens qui Libèrent, 2015).

 
Discutant:
¤ Simon SARAZIN, membre de l’ANIS, du Collectif Catalyst, d’Unisson et de la Couroutine.
Plus d’informations sur l’association et l’événement sur :
Association pour une Economie Sociale et Solidaire (AESS-APIESS)
C304, Bât. SH3, FSES, Université Lille 1

Des monnaies locales complémentaires, pour quoi faire?

Forum

jeudi 17 décembre 2015
14h-17h30| MESHS

La MESHS, en collaboration avec la Chaire Économie sociale et solidaire du Nord Pas de Calais et le Centre «droits et perspectives du droit» (université de Lille), et dans le cadre de son programme « Argumenter, décider, agir », organise organise un forum dédié aux usages et utilités des monnaies locales complémentaires.

La loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire a accordé une reconnaissance juridique aux monnaies locales complémentaires, par ailleurs définies comme des «dispositifs d’échange locaux de biens, de services et de savoirs, organisés autour d’une monnaie spécifique permettant à la fois d’évaluer et de régler des échanges». Avant même cette consécration légale, des territoires avaient fait le choix de recourir à ce type d’outil dans le but de redynamiser leur tissu économique et de le faire évoluer vers des pratiques plus éthiques et plus respectueuses d’un développement durable. L’amplification de ces initiatives a amené le gouvernement à nommer une Mission d’étude sur les monnaies locales complémentaires et les systèmes d’échange locaux.

Jean-Philippe Magnen, auteur du rapport remis au Secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire le 8 avril 2015, vient présenter, à l’occasion de ce forum, un état des lieux de ces systèmes d’échange et de leurs perspectives de développement. Les usages et utilités de ces monnaies locales complémentaires sont appréhendés tant à l’échelle des territoires locaux français qu’au niveau mondial.

Programme

14h30 | Accueil et ouverture de séance par Sandrine Chassagnard-Pinet, membre de l’équipe de direction de la MESHS et professeure de droit privé à l’université de Lille

14h45 | Les monnaies locales complémentaires, état des lieux et perspectives de développement, par Jean-Philippe Magnen, vice-président de la région Pays de la Loire, auteur du rapport sur «Les monnaies complémentaires et les systèmes d’échanges locaux»

15h30 | Le cadre juridique de développement des monnaies locales complémentaires, par Christophe Mondou, maître de conférences en droit public à l’université de Lille, membre du Centre «droits et perspectives du droit» (équipe de droit public)

16h | Usages et utilités des monnaies locales complémentaires à l’échelle d’un territoire français. L’exemple de la Bou’Sol, par Joackim Lebrun, chargé de mission en appui au développement de la monnaie locale en régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie

16h30 | Usages et utilités des monnaies locales complémentaires à l’échelle mondiale. L’exemple de l’Argentine, par Hadrien Saiag, chargé de recherche au CNRS et membre du laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales

Débat avec la salle

MESHS – 2, rue des Canonniers, 59000 Lille – tel.: +33 3 20 12 58 30

Contexte et état de l’art – Les communs – Pierre Sauvêtre

Extrait d’une recherche réalisée par Pierre Sauvêtre, maître de conférences en sociologie à Paris Nanterre et post-doctorant ChairESS HDF (2015-2016).

La multiplicité des crises fait surgir de nouvelles pratiques sociales de production, de consommation et d’échange et simultanément invite, même si la transition peine à trouver des repères théoriques convergents, à l’élaboration de nouveaux modèles. La socio économie des « communs » est une des manières d’explorer à la fois les pratiques sociales et de renouveler les cadres théoriques existants.

La notion de « commun » est relativement récente dans la recherche scientifique en France, même si elle connaît un développement rapide – ce qui pourrait être en soi l’objet d’une recherche. Ce sont les travaux d’Elinor Ostrom et de l’école d’Indiana, d’abord centrés sur les systèmes auto-organisés et autogouvernés de gestion des ressources naturelles, qui ont remis la notion de « commons » au goût du jour au début des années 1990 (Coriat, 2013). Par la suite, Elinor Ostrom et Charlotte Hess (2007), sous l’influence d’un groupe de juristes anglo-saxons (Lessig, Boyle, Benkler) impliqués dans la lutte contre les droits de propriété intellectuelle, ont été amenées à étendre leur modèle de « communs » (de systèmes auto-organisés de gestion des ressources, de gouvernance démocratique et de distribution des droits de propriété) aux communs immatériels (de l’information, de la connaissance, du numérique, et notamment d’internet), tandis que réciproquement le modèle des communs était intégré au mouvement des logiciels libres (Coriat et Broca, 2015). Après l’attribution du prix d’économie en mémoire d’Alfred Nobel en 2009 à Elinor Ostrom, les travaux sur les communs se sont multipliés, et ses héritiers ont poursuivi dans la veine consistant à asseoir essentiellement la possibilité des communs sur des ressources foncières ou informationnelles (Coriat et al, 2015). D’autres ont insisté sur la pertinence de ce modèle pour analyser les échanges économiques pair-à-pair sur internet (Bauwens, 2015).

Parallèlement, des voix critiques ont commencé à s’exprimer sur certains présupposés économiques de la théorie d’Ostrom, sur son libéralisme et l’impensé du rôle conféré à l’Etat (Baron, Petit et Romagnan, 2011), sur le naturalisme de sa théorie des biens issue de l’économie standard (Dardot et Laval, 2014 ; Laval et Laville, 2014) faisant des communs des formes institutionnelles compatibles avec l’économie dominante et dans le même temps des espaces éthérés, à l’écart des rapports de force produits par les logiques socio-économiques et assis sur une vision idéalisée de la communauté (Schweizer, 2013), négligeant les rapports de pouvoir et également les effets de ce que Jean-Louis Laville et Renaud Sainsaulieu nomment l’ « isomorphisme institutionnel » (Laville et Sainsaulieu, 2013).

Dans le même temps, différents phénomènes et processus socio-politiques ont transformé la compréhension des communs. Ainsi, par le truchement des crises économiques et d’une manière d’envisager autrement les logiques de gouvernance, une dynamique sociale coopérative nouvelle semble émerger non seulement dans le domaine de la production (augmentation du nombre des SCOP et des SCIC), mais aussi dans la consommation (coopératives de consommation), dans le logement (habitats coopératifs, couch surfing), dans les services à la personne (co-voiturage), ou encore dans des systèmes d’échanges non marchands en tous genres, s’appuyant souvent sur le développement des nouvelles technologies numériques.

Certains chercheurs y décèlent des convergences entre l’économie solidaire et les communs (Nyssens et Petrella, 2015), quand d’autres préfèrent voir dans cette dynamique coopérative le retour à un « sens du social » sur laquelle la notion de « commun » ferait l’impasse (Fischbach, 2015). D’autres encore – sous l’impulsion du « mouvement des places » qui a fait émerger la notion de « communs urbains » (Festa, 2015) et de l’appropriation de cette notion de communs (ou de biens communs), notamment par des mouvements politiques et des luttes sociales, que ce soit en Bolivie, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis ou en Grèce (Sauvêtre, 2016) – font du commun un principe de refondation du politique et de la démocratie reposant sur la co-participation et la co-décision, non sans en même temps souligner tout ce qui relie une telle notion à l’héritage associationniste et mutualiste du mouvement ouvrier (Dardot et Laval, 2014) dont l’économie sociale et solidaire est elle-même l’héritière (Laville, 2010).

Débat autour du livre « Le retour des communs » coordonné par Benjamin Coriat

20 mai 2015

Conférence débat des « économistes atterrés » autour de la présentation du livre :

Le retour des communs

                                          La crise de l’idéologie propriétaire

Coordonné par Benjamin Coriat aux éditions « Les liens qui libèrent »

En présence de :

Sandra Moatti (Présentation)

Benjamin Coriat (Conférencier)

Hervé le Crosnier (Discutant)

Sandra Moatti: Nous sommes donc réunis ce soir pour évoquer la question des communs autour du livre dirigé par Benjamin Coriat. Moi, c’est une question qui sans la connaître me fascine depuis quelque temps, notamment à cause de cette ambivalence incroyable que c’est à la fois une question qui s’inscrit dans un contexte de grande inquiétude et qui, en même temps, soulève beaucoup d’espoirs. Une grande inquiétude parce que, si vous êtes là, vous êtes tous conscient du déferlement de l’ « idéologie propriétaire » qui prend des formes extrêmement diverses, qui s’étend dans ses formes les plus extrêmes, de la brevetabilité du vivant, qui, dans la forme du savoir, prend la forme de brevets sur les molécules, dans le domaine de la création, l’extension des droits d’auteur, dans nos villes, la privatisation des espaces publics, dans nos maisons l’injonction à tous devenir propriétaires de nos logements, sur les terres des pays du Sud, l’appropriation de grandes quantités de terres par des sociétés multinationales, bon j’arrête là la liste ; Continuer la lecture de « Débat autour du livre « Le retour des communs » coordonné par Benjamin Coriat »

L’ESS et les initiatives en commun : quels liens, quelles coopérations ?

Séminaire de recherche 2015

Compte rendu de la 1ère séance du 1er avril 2015

14h30 : Présentation du séminaire par Christian Mahieu, chercheur au CNRS, secrétaire général de la Chaire ESS
Ce séminaire ne se veut pas un séminaire entre chercheurs mais veut associer les chercheurs et les gens impliqués dans l’action. L’objectif est de créer une culture commune autour de la thématique « ESS et initiatives solidaires en communs ». Chacun de ces mots a une importance : la problématique émergeante des communs est déjà au cœur des mobilisations contemporaines. Mais on ne veut pas pour autant fétichiser les mots, notre approche est d’abord pragmatique, tournée vers l’action et tient compte des conditions sociales des publics.
C’est dans cette optique que l’on a construit le panel d’aujourd’hui avec Michel Briand, Directeur adjoint de la Formation à Telecom Bretagne, membre du Conseil National du Numérique, élu entre 1994 et 2014 à Brest en charge d’internet et du multimédia et à Brest Métropole Océane en charge de l’ESS et de l’aménagement numérique du territoire ; Simon Sarazin, acteur du développement des communs, Membre d’initiatives telles que La Coroutine, Unisson et Catalyst ; Stéphanie Bost, Association Interphaz et projet Crea’cit, Agnès Kindt, maraîchère et administratrice ; et Rémi Top, animateur du réseau des AMAP Nord-Pas de Calais. L’objectif était aussi de créer un lien entre ces initiatives tournées vers les communs et les manifestations antérieures de la chaire.

14 h 40 : Les nouvelles questions de coopération : le commun et les dynamiques contributives dans une société transformée par le numérique,
Michel Briand, Directeur adjoint de la Formation à Telecom Bretagne, membre du Conseil National du Numérique, élu entre 1994 et 2014 à Brest en charge d’internet et du multimédia et à Brest Métropole Océane chargé de l’ESS et de l’aménagement numérique du territoire.

Continuer la lecture de « L’ESS et les initiatives en commun : quels liens, quelles coopérations ? »

Débat Christian Laval/Jean-Louis Laville « Commun et économie solidaire », CNAM, 9 avri 2015

Université populaire et citoyenne du Cnam

 9 avril 2015 –18h – 20h30

Amphi Paul Painlevé (PP) – cour d’honneur accès 1

292 rue Saint Martin

 

Commun et économie solidaire

En présence de :

Christian Laval, sociologue

Jean-Louis Laville, sociologue

Débat animé par Thierry Brun, rédacteur en chef adjoint de Politis

Introduction par Thierry Brun

Ce débat fait suite à un numéro hors-série (n°61) de novembre-décembre 2014 de la revue Politis intitulé « Biens communs : le retour des solidarités » dans lequel Christian Laval et Jean-Louis Laville débattent déjà des rapports entre les communs et l’économie sociale et solidaire (p. 5-8).

Exposé de Christian Laval

 Le « commun » est une thématique qui renoue avec des traditions de pensée très anciennes.

Pierre Dardot et moi-même, nous avons produit des analyses critiques du capitalisme, plus précisément de ce qui a produit la civilisation capitaliste (cela a été mon travail pendant 20 ou 30 ans). Dans notre essai de 2009, La nouvelle raison du monde, essai sur la société néolibérale, on a pu nous reprocher d’avoir une vision extrêmement violente et noire du capitalisme et de la rationalité néolibérale. Pour autant, en dépit de ce caractère violent, nous avons conclu le livre sur l’émergence d’une rationalité alternative : la rationalité du commun, en entendant par rationalité un ensemble de principes, de discours et de pratiques. Nous avions repris ce terme de « commun » des mouvements sociaux, sans savoir exactement ce que c’était, mais parce que c’était là. Comme l’a dit justement Gustave Massiah, le commun a surgi des luttes.

Avec le livre Commun. Essai sur la révolution au XXIème siècle, nous avons voulu nous demander d’une part quelles étaient les sources historiques de cette thématique du commun, et d’autre part comment cela pouvait constituer un principe alternatif à la rationalité néolibérale. Il s’est agi donc à la fois de faire une archéologie du commun et de dégager en même temps le commun comme principe politique alternatif.

Et nous avons voulu faire cela en lien avec notre analyse du néolibéralisme comme « interdit de l’avenir ». Car le néolibéralisme se pose comme un éternel présent, ses défenseurs répètent qu’il n’y a pas d’autre avenir possible, aucune alternative politique et économique envisageable : c’est le fameux « TINA » signé Margaret Thatcher : « There Is No Alternative ». Le seul changement toléré est celui qui s’inscrit dans le cadre de la concurrence généralisée : l’action publique est-elle-même inscrite dans le cadre de la compétitivité et aucune imagination n’est acceptable en dehors des logiques de la compétitivité. Notre objectif était donc de percer ce mur, cet interdit sur l’avenir, en nous appuyant sur les luttes, les expérimentations et les mobilisations contre cet interdit de l’avenir.

Ce surgissement du commun, nous ne l’inventons pas. Notre tâche n’est pas de sortir de notre cerveau des formules pour ceux qui sont engagés dans l’action ; ce n’est pas notre éthique du travail intellectuel. L’éthique convenable est celle formulée par Michel Foucault quand il dit que « les concepts viennent des luttes et qu’ils doivent y retourner ». C’est le mouvement altermondialiste qui a d’abord dégagé cette thématique des communs. Les intellectuels doivent reprendre ce qui se dégage des contenus et des pratiques pour définir des concepts, élaborer des théorisations, construire des récits historiques pour aboutir à de nouvelles pratiques dépassant le cadre du capitalisme.

Qu’est-ce alors que le principe du commun ? C’est le principe politique des luttes actuelles dirigées à la fois contre l’appropriation par le marché et par les institutions publiques dominées par les oligarchies qui les ont accaparées. C’est d’abord un principe de démocratie directe, de ressourcement démocratique par le bas, de réinvention de nouvelles formes d’expression populaire. Cette dimension démocratique implique, comme dans le mouvement des Indignados, une exigence de contrôle sur ceux qui ont un mandat électoral et une volonté de redonner consistance et efficacité à la participation politique. En outre, le principe du commun est un principe de lutte contre l’appropriation des ressources naturelles comme l’eau, les ressources énergétiques, mais aussi des ressources produites dans le domaine de la connaissance, de la science, de l’information et de la production numérique. Ces deux axes nous indiquent que le commun est un principe d’autogouvernement et une exigence de lutte contre la propriété privée et pour l’usage commun, l’usage collectif des ressources. Ce qui est intéressant, c’est l’articulation de ces deux dimensions de l’autogouvernement et de l’usage commun[1].

Continuer la lecture de « Débat Christian Laval/Jean-Louis Laville « Commun et économie solidaire », CNAM, 9 avri 2015 »

Invitation première séance du séminaire 2015 – « L’ESS et les initiatives en commun »

« L’ESS et les initiatives en commun »

Date : Mercredi 1º avril 2015

Heure : De 14h30 à 17h30

Lieu : Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société (MESHS), 2 rue des canonniers à Lille

Animation : Christian Mahieu, chercheur au CNRS, secrétaire général de la ChairESS.

14h30 : Présentation du séminaire

14h40 : Les nouvelles questions de coopération : le commun et les dynamiques contributives dans une société transformée par le numérique

Michel Briand, Directeur adjoint de la Formation à Telecom Bretagne, membre du Conseil National du Numérique, élu entre 1994 et 2014 à Brest en charge d’internet et du multimédia et à Brest Métropole Océane en charge de l’ESS et de l’aménagement numérique du territoire.

15h00 : Échanges avec la salle

15h20 : Projets en commun et dynamiques contributives en Région Nord-Pas de Calais

Simon Sarrazin, Acteur du développement des communs. Membre d’initiatives telles que La Coroutine, Unisson, Catalyst/ Stéphanie Bost, Association Interphaz, projet Crea’cit / Christian Mahieu, CNRS.

15h40 : Échanges avec la salle

16h00 : Les AMAPS et le commun

Agnès Kindt, maraîchère et administratrice et Rémi Top, animateur du réseau des AMAP Nord-Pas de Calais

16h20 : Échange avec la salle

16h40 : Pause café

17h00 : Table ronde conclusion

L’économie sociale et solidaire et les initiatives en commun : quels liens, quelles coopérations ?

L’économie sociale et solidaire et les initiatives en commun :
quels liens, quelles coopérations ?
Présentation séminaire de recherche 2015

 Présentation

L’économie sociale et solidaire (ESS) a une longue histoire en Europe et est fortement ancrée dans le territoire français. Elle a émergé pour faire face au capitalisme industriel sauvage, notamment à travers le développement des premières mutuelles et coopératives, basée sur la coopération et la solidarité des travailleurs pour acquérir de meilleures conditions de vie et de travail. Au XXème siècle, le développement des associations dans tous les domaines de la vie a transformé le visage de l’ESS : les citoyens prenant en charge leurs problèmes et s’organisant pour agir (aide à domicile, démocratisation de la culture, insertion sociale, éducation populaire…). Le développement des associations et son institutionnalisation, à côté du développement des mutuelles et coopératives sur le territoire français, ont fait émerger une économie intégrant le bénévolat et mettant l’accent sur une solidarité dépassant les seuls services aux membres des organisations. La reconnaissance progressive de l’ESS par les pouvoirs publics depuis les années 1980 a fait de cette économie émergeante une interface entre l’action publique et la citoyenneté.

L’écroulement du modèle du capitalisme industriel dans les années 1970 et sa substitution par un modèle néolibéral-financier ont transformé la société et ses problèmes. Les crises actuelles (la crise de la croissance, la spirale de la dette, l’austérité, le chômage, la crise écologique, la crise de légitimité politique…), le développement des technologies numériques de la communication et de l’information et la possibilité qu’elles donnent d’avoir des informations en temps réel, de s’organiser et de se mettre en réseau, ainsi qu’une conscience croissante de notre responsabilité dans les problématiques écologiques, sociales, politiques et économiques du monde, ont fait émerger depuis quelques années un mouvement d’initiatives citoyennes solidaires qui cherchent des alternatives au modèle socio-éco-politique dominant.

Ces initiatives, dans le champ de la consommation responsable (circuits courts, énergies renouvelables, économie circulaire), de la mutualisation de ressources (co-working, tiers lieux), de l’économie collaborative ou des logiciels libres, posent des questions de fond en relation avec les diverses formes des « communs » et créent des tensions et des besoins d’adaptation et/ou de transition juridiques, politiques, et culturelles.

Malgré des valeurs et des actions partagées, l’ESS et ce mouvement d’initiatives alternatives se connaissent et se reconnaissent peu. Pourtant, les enjeux du monde actuel demandent le rassemblement des acteurs et des initiatives pour la construction d’un avenir plus solidaire et convivial. Comment mettre en évidence les convergences et les divergences concernant les valeurs et les pratiques qui animent ces deux mouvements ? Quels sont les liens existants et à tisser ? Quelles sont les opportunités et les alliances à faire ?

 Objectifs du séminaire

L’objectif général du séminaire est de créer une culture commune autour de la thématique “initiatives solidaires en commun” pour problématiser ensemble et construire le programme de recherche de la ChairESS 2015-2017.

 Les objectifs spécifiques sont de :

  • Faire un état de lieux des recherches et expérimentations sur la thématique « initiatives solidaires en communs » dans le territoire du Nord-Pas de Calais.
  • Identifier, rencontrer et mettre en réseau des chercheurs et des acteurs qui travaillent autour de cette thématique.
  • Identifier d’éventuels sujets de recherche pour la chairESS à partir des constats.