L’évaluation de l’impact social s’impose de plus en plus comme un repère cognitif majeur et comme mécanisme de coordination. De nombreuses recherches empiriques permettent d’interpréter l’émergence de « l’impact social » comme un substitut aux instruments de productivité et de performance.
Cet article vise à enchâsser cette observation dans une perspective temporelle plus longue. Il suggère que l’évaluation a toujours existé, mais que ses modalités ont été profondément modifiées et sont devenues de plus en plus soumises à l’hétéronomie, à la quantification, à la normalisation et à la mondialisation. Les services publics et plus généralement l’État-providence n’y échappent plus, pas plus que l’économie sociale. Les demandes de mesures d’impact social apparaissent comme la manifestation la plus aboutie d’un truchement de mutations : mutation des systèmes productifs et montée en puissance des activités de service et augmentation et mutation (en volume, nature et fins) de l’évaluation des politiques publiques. Outre que les instruments d’évaluation incorporent des discours, des représentations, et des valeurs de ce que signifie être « efficace », les acteurs qui les promeuvent et dont la fonction est de conduire les évaluations, s’accordent désormais le droit de déterminer les objectifs de politiques publiques.
Retrouvez l’article de Florence Jany-Catrice pour le CIRIEC grâce à ce lien