Compte-rendu intervention Laurent Gardin économie ESS

La deuxième « agora ESS » du CIRIEC-France s’est tenue en décembre dernier au CEDIAS-Musée Social, avec pour thème « le développement des logiques marchandes et managériales ». 

Les participants ont échangé lors des interventions de :

  • Pascal Glémain (1) : « Le tournant entrepreneurial de l’ESS, l’introduction des pratiques « managériales » »,
  • et Laurent Gardin (2) : « Les nouvelles hybridations de ressources entre l’État et le marché ».

Assurée par Nadine Richez-Battesti et Timothée Duverger, l’animation a posé les bases de la réflexion commune à l’ensemble des participants : les organisations de l’ESS (OESS) sont traversées par une rationalité économique (entreprises) et une rationalité politique (groupements de personnes) qui fondent leur équilibre. Elles sont cependant aujourd’hui soumises à une injonction paradoxale, sommées, d’une part, de recourir davantage à des recettes marchandes face à la raréfaction des ressources publiques et, d’autre part, affirmer leur responsabilité sociale d’entreprise, tandis que de nouveaux acteurs les concurrencent sur la recherche d’utilité sociale (entreprises à mission…).

En effet, le nouveau management public, qui se caractérise par l’essor des logiques managériales, concurrentielles et marchandes, contribue à transformer les OESS, ce dont l’émergence de la notion de « social business » et l’utilisation croissante du terme d’entrepreneuriat social rendent compte depuis les années 2000.

Cette deuxième « agora de l’ESS » a permis de saisir les tendances, les risques et les enjeux sur le développement des logiques marchandes et managériales pour interroger les tensions entre l’hégémonie gestionnaire et les aspirations au changement social.

Ainsi, parlant du tournant entrepreneurial de l’ESS, Pascal Glémain a souligné que, dans un contexte de montée en management, les organisations associatives présentent une appétence croissante à comprendre et à élaborer leur comptabilité. Il en résulte pour certaines une ambition à satisfaire une attente en reddition comptable qui feraient d’elles des « entreprises associatives » à part entière. D’autres appréhendent leur comptabilité dans l’optique d’une gestion plus efficace au service de la mesure des performances du service rendu.

Via une analyse exploratoire dans le champ de l’insertion par l’économique, il a mené une analyse critique approfondie de la comptabilité associative qui mènerait à un aménagement du plan comptable associatif et à de nouvelles pratiques en termes de valeur ajoutée sociétale.

S’appuyant sur les travaux de Karl Polanyi, de Bernard Eme et de Jean-Louis Laville sur l’hybridation des ressources et sur la conceptualisation de l’économie solidaire, Laurent Gardin a approfondi les formes de réciprocité à l’œuvre, la question de l’hybridation des ressources, notamment dans les monnaies locales ou le mouvement associatif. Il a abordé les ressources des associations, entre financements publics qui connaissent une croissance de la place de la commande publique au détriment des subventions publiques et montée des financements privés provenant des ventes aux usagers et des cotisations des membres. Il a souligné l’incitation qui leur est faite de se rapprocher des entreprises capitalistes (mécénat, partenariat etc.) pour accroître la part des ressources privées afin d’équilibrer leur fonctionnement économique.

De leur côté, les coopératives, les mutuelles et les entrepreneurs sociaux peuvent être perçus comme répondant uniquement à des demandes solvables sur le marché ou sur les quasi-marchés, sans que l’on ne perçoive leur originalité de fonctionnement par rapport à d’autres entreprises avec lesquelles ils sont en concurrence, si ce n’est la limitation dans le partage des excédents dégagés.

Il indique l’intérêt d’étudier le modèle économique fondé sur une hybridation des financements privés et publics, avec une dimension réciprocitaire prise en compte a minima.

Il conclut que cette dimension est à l’ordre du jour dans le cadre du renouveau des communs, l’utilisation des nouvelles technologiques de l’information et de la communication, la recherche de la participation des usagers dans les associations, les initiatives solidaires sur les quartiers, le renouveau des universités populaires, les pratiques économiques parfois développées dans les zones à défendre…

Cette deuxième « agora de l’ESS » complète les travaux menés lors de la première sur l’ESS et territoires et sera suivie par une troisième portant sur la question de l’ESS et l’Europe au cours du premier semestre 2020.

Ces interventions montrent bien la nécessité devant laquelle les acteurs de l’ESS sont de réfléchir à de nouvelles pistes pour élaorer une parole commune et des actions qui prennent toutes les problématiques de l’évolution nécessaire de l’ESS en compte. Pour ce faire, une rencontre entre chercheurs et praticiens sera organisée, interagissant sur les recherches et sur les actions mises en place sur tout le territoire par les entreprises de l’ESS.

La troisième « agora de l’ESS » se déroulera sur cette base.

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(1) Pascal Glémain : maître de conférences, enseignant-chercheur en sciences de gestion et en économie sociale et solidaire, UFR de sciences sociales, département d’administration économique et sociale.

(2) Laurent Gardin : maître de conférences en sociologie à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, UPHF, Chaire de l’ESS Hauts-de-France.

Source de l’article : https://www.miroirsocial.com/participatif/le-developpement-des-logiques-marchandes-et-manageriales-dans-less

Journée d’étude 12 02 2020 sur la comptabilité associative

Si la comptabilité nationale a été l’objet de diverses remises en cause, y compris par les actuelles titulaires de la chaire Écologie, travail et emploi et plus généralement par les membres du Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesse, notamment au moment de la Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social en 2008-2009, la comptabilité d’entreprise n’est pas en reste. Des comptabilités alternatives ont été proposées, parfois et y compris au sein de l’ordre des experts comptables, certaines ont été discutées également au sein du réseau FAIR qui est à l’initiative de cette journée. Certaines visent à mieux prendre en compte l’environnement et le travail, en donnant à ceux-ci une valeur et/ou en les amortissant.

Au cours de cette journée , il s’agira de s’interroger sur les propositions de refondation de la comptabilité d’entreprise, notamment la proposition de comptabilité CARE (Comptabilité Adaptée au Renouvellement de l’Environnement) originellement proposée par Jacques Richard (Professeur à Paris-Dauphine) et désormais portée notamment par Alexandre Rambaud : une table ronde permettra de discuter les avantages et les limites de cette nouvelle norme. La proposition de Samuel Jubé (Directeur de l’Institut d’études avancé de Nantes) consistant à intégrer à l’actif du bilan des entreprises le travail sera également présentée et discutée.

Programme

10h-12h30 Matin
Animation générale : Florence Jany-Catrice (professeure d’économie, Université de Lille, co-titulaire de la Chaire Écologie, travail, emploi, Collège d’études mondiales, FMSH)

10h-10h30 La comptabilité CARE et ses enjeux
| Jacques Richard (professeur émérite à l’Université Paris Dauphine, expert-comptable et ancien membre de l’Autorité des Normes Comptables)

10h30-10h50 La comptabilité universelle
| Michel Veillard (ancien vice-président du Club développement durable du conseil supérieur de l’ordre des experts comptables)

10h50-11h50 Table ronde

| Béatrice Bellini (maîtresse de conférences à l’Université Paris Nanterre, directrice de la chaire Unesco Positive Busines) et Marielle Mathieu
La comptabilité SeMA

| Patrick Viveret (philosophe et conseiller maître honoraire à la Cour des comptes)
Le projet Ecoosystème, La transition globale

| Muttiah Yogananthan (gérant de la Société Co-opérative à Responsabilité Limitée « Métamorphose »)
Comment tenir compte des impacts écologiques et sociaux des entreprises dans la comptabilité et les informations diffusées ?

11h50-12h30 Discussion avec la salle

Pause

14h-17h30 Après-midi
Animation générale : Dominique Méda (professeure de sociologie, Université Paris-Dauphine, directrice de l’Irisso, co-titulaire de la Chaire Écologie, travail, emploi, Collège d’études mondiales, FMSH)

14h-14h30 Intégrer le travail au bilan comptable ?
| Samuel Jubé (membre permanent de l’Institut d’études avancées de Nantes)

14h30-15h45 Table ronde

| Michel Capron (professeur émérite à l’Université Paris 8, membre et ancien vice-président de la Plateforme nationale d’actions globales pour la RSE)
Comptabilité et soutenabilité

| Valérie Charolles (chercheure à l’Institut Mines-Télécom Business School et chercheure associée au Laboratoire d’Anthropologie Critique Interdisciplinaire (UMR 8177 CNRS/EHESS))
Comment la comptabilité peut-elle reconnaître le travail ?

| Bernard Colasse (professeur à l’Université Paris-Dauphine (Paris-Sciences et Lettres) et membre de Dauphine Recherches en Management (DRM)-UMR CNRS)
Réformer ou refonder la comptabilité des entreprises ?

15h45-16h30 Discussion avec la salle

Informations : http://www.fmsh.fr/fr/college-etudesmondiales/30730

Journée ESS et culture

ESS et culture - 13 décembre 2019 - MESHS Lille

Master Action publique, institutions, économie sociale et solidaire et chairESS

 

DEMARRAGE : 10h00

 Introduction générale : étudiants 

 

Matin

10h15-11h00 Bruno Lajara- Délégué Général

L’Envol- Centre d’art et de transformation sociale

 parcours, les activités de l’Envol, l’Escapade, la place de l’insertion, les financeurs etc.

 

11h00-11h20à temps d’échanges avec les étudiants

 

11h20-12h00 Patricia Coler- UFISC 

Rebondit sur la présentation de Bruno Lajara en présentant le travail mené par l’UFISC sur ESS et Culture, avec si possible un panorama de la place de la culture dans l’ESS et la place des acteurs ESS parmi acteurs culturels, ainsi que la question des droits culturels

 

12h-12h20à temps d’échange avec les étudiants

 

12h20-14h00 : repas avec les intervenants

 

14h-14h45 Philippe Henry, MCF Paris 8 

ESS et culture, entrepreunariat et culture : peut-on parler « d’entreprises culturelles »?

 

15h00-16h00 : table ronde avec les 3 intervenants : Patricia Coler, Philippe Henry, Bruno Lajara

à Thèmes à aborder : Lien Etat/collectivités territoriales-Culture, évaluation dans la culture, entrepreunariat culturel, dynamiques coopératives territoriales etc.

à animation par les étudiants  

 

FIN : 16h00

Séminaire ChairESS : Politiques innovantes de l’emploi dans le territoire des Hauts-de-France

La ChairESS Hauts-de-France vous convie le 12 septembre à 14H00 à la MESHS pour un séminaire sur le thème :

Politiques innovantes de l’emploi dans le territoire des Hauts-de-France

Nous accueillerons pour ce séminaire :

  • Séverine ROMANOWSKI (Kpa-Cité ANIS) : Retour sur la mise en œuvre du projet KpaCité
  • Florence Jany-Catrice : Retour sur le programme « Territoires Zéro chômeur de longue durée »

Date : Jeudi 12 septembre de 14h à 17h

Lieu : MESHS : 2 rue des Canonniers – 59 000 Lille

Informations et inscription : coordination@chairess.org

Colloque AFEP-IIPPE à Sciences Po Lille

La ChairESS Hauts-de-France vous convie au colloque international AFEP-IIPPE, Penser l’économie de demain et le futur de l’économie politique, qui aura lieu à Lille du 3 au 5 juillet 2019.

Une dizaine de chercheurs de différentes disciplines (sociologie, géographie, droit, économie, sciences politiques…) viendront présenter leurs travaux qui portent sur le champ de l’ESS dans la région.

La ChairESS y organise notamment deux tables rondes sur le thème

« La recherche en économie sociale et solidaire dans les Hauts-de-France : un tour d’horizon ».

Le programme du panel :
Recherche ESS dans les Hauts de France : Table 1 (Mercredi 3 juillet : 11H00 – 13H00)

  • Laurent Gardin : L’économie sociale et solidaire dans la Région Nord Pas-de-Calais depuis les années 1970 – Eléments d’analyse
  • Sylvain Celle : Une histoire de l’économie sociale et solidaire en Picardie depuis le XIXe siècle
  • Laurent Fraisse : Les financements publics locaux aux associations : une approche à partir des comptes et des budgets publics
  • Pierre Bonnevalle : La situation financière des structures de l’ESS en Hauts-de-France : inégalités territoriales, sectorielles et associatives
  • Institut Godin : L’innovation sociale : jouer des frontières pour coordonner des acteurs hétérogènes ?

Recherche ESS dans les Hauts de France : Table 2 (Mercredi 3 juillet : 14H00 – 16H00)

  • Nirello Laura : La qualité de l’emploi dans l’ESS : l’exemple des EHPAD
  • Minet-Letalle Catherine : La place centrale du salarié dans l’économie sociale et solidaire
  • Institut Godin : (Dé)mesure de l’impact social dans l’ESS : retour critique sur une injonction floue
  • Gustave Huteau Charlotte : Le développement de l’ESS, perspectives juridiques
  • Lefebvre-Chombart Amélie : Le SIILAB : un processus d’intermédiation territoriale au cœur de la construction du champ de l’économie sociale et solidaire en Hauts-de-France

Deux autres panels sont également organisés : le premier par le Réseau inter-universitaire de l’économie sociale et solidaire (RIUESS) en partenariat avec la ChairESS, dont voici le programme :

Jeudi 4 juillet : 10h45 à 12h45 : table 1 : Les modèles socio-économiques de l’économie sociale et solidaire (1/2)

  • Bucolo Elisabeta, Lhuillier Vincent : La gratuité comme modèle économique alternatif porté par des OESS
  • Bucolo Elisabeta, Eynaud Philippe, Gardin Laurent : Les modèles socio-économiques des associations
  • Ferraton Cyrille : Quels nouveaux modèles coopératifs dans le secteur de l’audiovisuel ?
  • Cary Paul : Ancrer la consommation localement : une « utopie réelle » ? L’exemple d’une coopérative de consommateurs lilloise

Mercredi 3 juillet : 16h45 à 18h45 : table 2 : L’évolution contemporaine de l’ESS peut-elle constituer une alternative à l’économie marchande et capitaliste ? (2/2)

  • Gianfaldoni Patrick : Économie sociale d’entreprise versus Économie sociale et solidaire : changement de paradigme ou émergence d’une nouvelle trajectoire ?
  • Dacheux Eric, Goujon Daniel : Le « délibéralisme » une nouvelle conceptualisation de l’économie née des pratiques militantes de l’ESS
  • Stoessel-Ritz Josiane, Ahcène Amarouche : Construire des alternatives à la guerre et repenser l’ESS dans le développement durable et solidaire
  • Defalvard Hervé : Le translocalisme des communs : une alternative au néolibéralisme et au néopopulisme

et le second sur la thématique de l’impact social et de sa mesure. Plusieurs chercheurs « ESS » d’autres territoires viendront y présenter leurs travaux.

Vous trouverez prochainement l’intégralité du programme sur le site du colloque: https://afep-iippe2019.sciencesconf.org/

Séminaire « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » dans le cadre des Journées SHS-Valo

La MESHS, en partenariat avec la ChairESS, organise dans le cadre des Journées SHS-Valo, un séminaire sur : « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » avec Anne Fretel et Florence Jany Catrice, le 20 juin 2019 de 9H30 à 10H30, à la MESHS.

Télécharger le programme

pour vous inscrire à ce séminaire : https://meshs.fr/page/shsvalo19

Pour plus d’informations : valorisation@meshs.fr

Evaluation du SIILAB

Ce document synthétise les résultats de l’évaluation du projet SIILAB réalisée par la ChairESS Hauts-de-France (Amélie Lefèbvre-Chombart et Pierre Robert).

Rapport d’évaluation du SIILAB par la ChairESS

Le SIILAB est un « living lab » d’innovation sociale, territoriale ou publique à destination des acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire en Hauts-de-France. Ce projet est l’un des douze lauréats du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) transition numérique de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP).

Seize acteurs publics et privés des Hauts-de-France sont à l’initiative du projet. On y trouve des directions de l’administration déconcentrée de l’État (DRJSCS, DIRECCTE, DREAL,…) ainsi que des acteurs de l’ESS (LMA, CRESS, Institut Godin,…).

La ChairESS a réalisé une évaluation du projet SIILAB par le prisme des « communs ». Cette évaluation a donné lieu à deux restitutions auprès des partenaires (décembre 2018 et février 2019) pour permettre une appropriation collective des résultats de l’étude afin d’envisager les perspectives pour la suite du projet.

La première partie du document livre le contexte et le cadre d’analyse de l’enquête qui s’inscrit dans l’approche des communs. Les résultats présentés sont détaillés dans la deuxième partie. Ce document intègre les principales remarques qui émanent de la restitution du séminaire de décembre 2018.

Pour en savoir plus à propos de la recherche menée par la ChairESS HDF :

Colloque de l’ADDES (octobre 2018)

Séminaire de la ChairESS (octobre 2018)

Colloque ASRDLF (juillet 2018)